Ewan Le Ber - Le bois comme art de vivre


C’est à Sizun, au carrefour du Léon et de la Cornouaille, que se trouvent les Ateliers Le Ber, menuiserie et charpente. L’entreprise réalise des ouvrages uniques, pour le patrimoine régional. Les fils ont repris le flambeau en 2005. Ewan, 36 ans, ouvre les portes de son atelier.

« C’est dans le sang, c’est de la sève ! » souligne Ewan Le Ber lorsqu’il retrace l’historique des Ateliers Le Ber, créés en 1978 par ses parents Georges et Marylène. En 2005, avec son frère Steven, c’est avec évidence qu’ils intègrent l’entreprise. « Nous venions de réaliser une dizaine d’années de Tour de France, en menuiserie et charpente. » De toute évidence, les racines d’Ewan se trouvent à Sizun. L’atelier, également lieu de vie familiale, a été aménagé dans une large étable. Les machines professionnelles côtoient les établis rustiques, vieux outils et autres sculptures dans un décor digne du cinéma. Contournant un autel, passant une petite porte en bois, Ewan évoque les origines de sa passion du bois : « Je ne me suis jamais posé de question. J’ai toujours vu mon père travailler avec plaisir. Enfant, durant l’été, je l’accompagnais sur des chantiers, dans des chapelles. J’ai même dormi sur une estrade ! »

Dès 1995 et pour une dizaine d’années, les deux frères intègrent les compagnons du Tour de France et se forment au métier prédestiné. « Je réalise ensuite une année de transition durant laquelle je fais de la recherche et de la rédaction sur les outils manuels, sujet que j’affectionne particulièrement ». C’est à 26 ans qu’Ewan revient au bercail et voit l’entreprise se développer encore. Les chantiers s’enchaînent à échelle régionale mais majoritairement en Finistère. « Nous avons, par exemple, toujours au moins deux chantiers pour un édifice religieux en cours. Je m’apprête à livrer le nouvel autel en chêne de l’église d’Ergué-Gabéric ». Passionné de sculpture, le chef d’entreprise ne trouve plus le temps de rester à l’atelier face aux contraintes du suivi de projet. « Mais je réalise chaque jour la chance que j’ai de vivre de ma passion. Je ne compte pas les heures, j’ai une certaine liberté de création et surtout, j’aime le contact avec les gens ».

Lorsqu’Ewan Le Ber travaille dans le domaine religieux, il ne reste pas insensible : « Élevé dans la religion catholique, je perçois toute la dimension sacrée du mobilier d’église. Lorsqu’un chantier se prépare, je connais non seulement l’histoire des ouvrages mais je sais aussi comment donner son sens à l’objet ». Le menuisier sent qu’il évolue au fil des années, forgé par les expériences et les rencontres. « Je suis marqué par le travail du sculpteur finistérien Jean-Jacques Bris. C’est une collaboration qui m’a fait évoluer et oser un travail plus tranché ». Aussi, face au décor chargé des églises, l’artisan veille à ne pas interférer avec le mobilier existant et joue la carte de la sobriété. « Un nouvel autel doit pouvoir s’imposer, être présent, sans parasiter le reste, explique-t-il. J’aime les matières brutes, le chêne massif, travaillé dans sa configuration la plus proche de l’arbre. » Si rien ne lui fait peur, c’est parce qu’il peut compter sur son équipe : « Une dizaine de permanents et des apprentis qui travaillent dans la bonne humeur, dans un cadre familier, on se sent ici chez nous. »
Au cœur de la campagne Sizunienne, entouré d’arbres et de vieilles pierres, ce lieu a une âme. Une âme aussi préservée par la présence de Georges Le Ber. « Mon père nous a tout naturellement laissé la place en 2005. Ses conseils restent précieux et, depuis son petit atelier gardé à l’écart, il joue les Gepetto en créant du mobilier, sans machine, uniquement à la main. » La vocation, paraît-il, c’est avoir pour métier sa passion.