Hervé Saliou - Le menuisier aux talents cachés

À Landrévarzec, la menuiserie Saliou a troqué ses meubles contre des peintures, des bas-reliefs et la restauration de pièces patrimoniales. Aujourd'hui à la retraite, Hervé Saliou s'adonne au maniement du pinceau et du burin. L'artiste ouvre les portes de son atelier.

"À l'âge de 18 ans, j'étais étudiant au Likès à Quimper et, tous les jeudis, je me rendais à vélo aux Beaux-Arts". En une phrase, Hervé Saliou dévoile deux de ses passions : le cyclisme et les arts. Dans les deux domaines, l'artiste aujourd'hui retraité a raflé bon nombre de prix. Et tout en présentant les innombrables œuvres qu'il garde chez lui, à Landrévarzec, c'est avec engouement qu'il se remémore ses échappées et ses victoires. "La Revanche interrégionale du Premier Pas Dunlop ! Je suis arrivé en tête. C'était en 1951." Quéméneven, Fouesnant, Briec, Locronan, Landrévarzec… En l'espace de deux ans, il avait déjà remporté une douzaine de courses.
Les années passent et à la suite de son grand-père et de son père, Hervé Saliou reprend l'atelier de menuiserie. "Mon grand-père était parti de rien. Il restaurait de vieux meubles."
Les meubles savamment sculptés parcourent le monde. "Au total, 35 000 pièces ont quitté l'atelier".
C'est à la fin des années 80, peu de temps avant son départ en retraite, que le menuisier retourne à ces premiers amours : la peinture et la sculpture. Deux premières expositions à Vitré lui valent de remporter des 1ers prix (sensibilité de l'œuvre et meilleure aquarelle).

1001 œuvres

De 1986 à aujourd'hui, Hervé Saliou a remporté environ 25 prix et médailles. Et en toute facilité et avec talent, il passe continuellement de la pratique de la peinture à la sculpture. Peu enclin à commercialiser ses œuvres et pourtant très productif, le peintre conserve tout. Aquarelles, acryliques et huiles sur toiles retracent tour à tour ses voyages à Roquefère, Nouméa ou Tahiti. En 2005, ses bois gravés sur l'Ile de Pâques sont parus dans un ouvrage.
Bien entendu, le bois est toujours au cœur de ses compositions. Une série récente de peintures modernes et colorées représente cette matière noble qu'il connaît mieux que personne. De même, le Landrévarzecois aime à retranscrire sur bas-reliefs des œuvres d'artiste de renommée. "Tant que je ne suis pas capable de faire mieux que les grands maîtres, je préfère les copier", justifie-t-il. Ainsi cumule-t-il les Nativités de Durer, de Pilon ou de Campin. "Regardez l'expression de chaque personnage, les détails, le fond !" Pour Hervé Saliou, chaque œuvre est une histoire.

Patrimoine chéri

L'histoire, il la défend. Le combat qu'il mène aujourd'hui est celui de la sauvegarde du patrimoine. Dans son atelier défilent les statues tristement marquées par le temps. Souvent, il recrée des pièces qui ressemblent à s'y méprendre aux œuvres d'origine. "Ce bloc de bois sera un saint Corentin pour la chapelle de Trénivel à Scrignac", dit-il en soulevant une pile de gabarits.
Landrévarzec a donné sa place au sculpteur et à ses œuvres. Sur le parvis de l'église, une masse de pierre imposante représente saint Corentin. "Dans l'église, j'ai restauré l'abat-voix et l'ange héraut. J'ai aussi créé un panneau polychrome disparu de la chaire à prêcher et donné un bas-relief." Sur les quatre panneaux en bois polychromes ornant l'autel, un seul a été intégralement et fidèlement recréé. Le défi est de savoir lequel ! La chapelle de Quilinen à Landrévarzec s'est aussi vue offrir une armoire flambant neuve.
"Mon rêve ? Ce serait de pouvoir restaurer l'autel en bois de la chapelle Saint-Venec à Briec. Il est cassé, rongé et moisi comme la majorité du mobilier en ce lieu." Le sculpteur travaille toujours bénévolement et, par sa grande sensibilité et son savoir-faire, sait respecter le travail de ses prédécesseurs. "Ressusciter notre patrimoine, c'est ce que j'aime."